... du vin nouveau au Beaujolais Nouveau …
Le vin nouveau traverse l’histoire et les civilisations
Le vin nouveau traverse l’histoire et les civilisations
La consommation des vins nouveaux est une coutume qui remonte à l’Antiquité. A cette époque, le vin nouveau était la boisson des esclaves, la " serva potio ", qui leur était offerte dès le raisin pressé.
Au Moyen-âge, la coutume se perpétue, car elle offre deux avantages :
- le seigneur, l’évêque ou l’abbé du Monastère, propriétaire viticole, obtient les meilleurs prix pour ses vins en ayant le privilège d’être le premier à commercialiser la boisson attendue de tous.
- A cette époque où l’on sait mal le conserver (gardé dans des tonneaux de mauvaise qualité, le vin, s’oxydant au contact de l’air, tournait vite au vinaigre et devenait imbuvable) le vin nouveau conserve toutes ses qualités.
Ces problèmes de conservation perdurent jusqu’au XIX° siècle. Pendant toute cette période, le vin reste un produit rare, dont le marché est sévèrement réglementé et surveillé : le vin est dit " loyal et marchand ". Et quand le vin vient à manquer, gare à la colère populaire !
La récolte nouvelle est, donc, chaque année, attendue avec la plus grande impatience. La fin des vendanges marque le début d’une période faite d’allégresse et de fêtes marquant la fin d’un dur labeur et concluant l’année viticole.
Parmi les fêtes accompagnant la fin des vendanges et les premières dégustations, la Saint-Martin, le 11 novembre, est un temps fort, jusqu’à la fin de la première guerre mondiale et la signature de l’armistice. C’est à cette date que les viticulteurs offrent les prémices de leur récolte et font traditionnellement goûter le vin nouveau : la dégustation s’appelle " la martinée " et le tirage du vin nouveau " le martinage ". Elle s’accompagne d’un grand dîner au cours duquel l’oie de la Saint-Martin est servie.
La coutume prospère dans le vignoble beaujolais
Dans la première moitié du XX° siècle, le vignoble beaujolais est, dès la fin des vendanges, le théâtre d’une lutte acharnée : les tenanciers de bistrots et les épiciers lyonnais s’arrachent les meilleures cuvées pour répondre à la demande de leur clientèle. Ils sont donc les premiers à goûter le vin nouveau, directement chez le viticulteur.
Jusqu’à la fin des années 40, il n’est pas question de réglementation et les vins nouveaux sont produits dans les secteurs les plus précoces du vignoble beaujolais. Mais le beaujolais nouveau n’est pas encore considéré comme un marché spécifique ; il est un vin nouveau parmi d’autres…
Naissance d’un phénomène : le beaujolais nouveau
Le beaujolais nouveau n’est toutefois pas un vin comme les autres : il est issu d’un cépage exceptionnel, le gamay noir à jus blanc, quasi-exclusivement beaujolais, le très " déloyaux " gamay ayant été bouté hors de Bourgogne en 1395 par Philippe le Hardi. Aujourd’hui, sur 36 000 hectares de gamay plantés dans le monde, 22 500 le sont dans le vignoble beaujolais, au nord de Lyon, où celui que l’on surnomme parfois petit Gamay, Gamay rond ou encore Bourguignon noir, a donc véritablement trouvé sa terre d’élection.
Sur le plan œnologique, le gamay donne des vins fruités, dont les arômes s’expriment rapidement, à boire plutôt jeunes. Il est particulièrement adapté à la vinification de vins nouveaux. Sa prééminence dans le Beaujolais explique le développement des vins nouveaux et la première place qu’ils occupent actuellement. Sans le gamay, il n’y aurait jamais eu de beaujolais nouveau .
Deux autres facteurs se conjuguent pour faire naître le phénomène au début des années 50 :
l’histoire réglementaire du beaujolais nouveau débute le 11 mars 1951, avec la suppression du principe d’échelonnement des sorties des vins de la propriété. Jusqu’à cette date, les ventes de vins faisaient l’objet d’un calendrier minutieux ayant pour objectif de planifier l’approvisionnement en vin des armées.
Vient ensuite, pour le beaujolais nouveau, une succession de dates-clé :
- Le 8 septembre 1951, un arrêté paru au Journal Officiel relatif à la " commercialisation des vins de la récolte 1951 " stipule que " les producteurs ne sont autorisés à faire sortir de leurs chais les vins de la récolte 1951 bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée qu’à dater du 15 décembre 1951 ".
- Le 13 novembre 1951, une note de l’Administration des Contributions Indirectes précise " dans quelles conditions certains vins à appellation contrôlée peuvent être commercialisés dès maintenant, sans attendre le déblocage général du 15 décembre prochain ". Cette date marque la naissance officielle du phénomène du Beaujolais nouveau . Les volumes commercialisés à cette époque par le vignoble seraient de l’ordre de 15 000 hl.
- Pendant quinze ans, la date du déblocage du beaujolais nouveau n’est pas fixe. C’est le décret du 15 novembre 1967 qui rationalise le déblocage en instituant une date fixe : la date du 15 novembre, à 0 h 00, est retenue pour commercialiser le beaujolais nouveau, chaque année. La récolte, produite dans des vignes qui couvrent désormais 20 000 hectares, est alors de 220 000 hl.
- Nouvel aménagement, en 1985 : pour faciliter la mise sur le marché des 500 000 hl produits cette année-là, un décret fixe au troisième jeudi de novembre la date de la mise à la consommation du beaujolais nouveau (et des autres primeurs). Cette date du troisième jeudi de novembre est toujours en vigueur aujourd’hui.
Le Beaujolais nouveau est devenu un rituel, une grande fête païenne et populaire. Il est symbole d’amitié, de fête et de fraternité.
C’est un phénomène qui est devenu Universelle. On le retrouve dans toutes les grandes villes des pays Européens, aux Etats-Unis, Corée, Russie etc.
Cette coutume s’adapte à tous les pays et se coule dans toutes les cultures. Simple et sans prétention, le Beaujolais nouveau se partage entre amis et doit être consommé dans la bonne humeur …. mais avec modération !
Chaque nouveau consommateur, où qu’il soit dans le monde, le dégustera en ayant cette année encore en tête la célèbre petite phrase : " le beaujolais nouveau est arrivé ", quelques mots simples vraisemblablement nés sur une ardoise, accrochée par un patron de bistrot au-dessus de son zinc.
Bonne et amicale dégustation à tous !
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